Elle a plusieurs noms
10-21 Fév 2023
L’exposition Elle a plusieurs noms de l’artiste espagnole Dora García présente quelques-unes de ses œuvres les plus importantes – performances, dessins, installations, écrits, imprimés et films – créées tout au long de sa carrière qui s’étend entre-temps sur trois décennies.
La pratique de García traite de questions liées à la communauté et à l’individualité dans la société contemporaine, explorant le potentiel politique des positions marginales et rendant hommage aux personnages excentriques et aux antihéros. Ces personnages ont souvent été au centre de ses projets cinématographiques, tels que The Joycean Society (2013), Segunda Vez (2018) et Amor Rojo (2023). Un aspect essentiel de l’œuvre de García est l’intrication de mouvements politiques tels que le féminisme et la façon dont ils occupent les espaces publics. Dans son œuvre, la notion de « collectivité » se rapporte au potentiel politique de l’amour, de l’amitié, du compagnonnage ainsi qu’à un mode de travail permettant la transformation des environnements sociaux.
Cette exposition est la première à se focaliser sur l’importance de la performance dans la pratique de García. Cette part de sa pratique se situe à la croisée des arts plastiques et des arts du spectacle vivant. Des performances scénarisées et non scénarisées activent des installations de dessins, des objets et des espaces. Elle a plusieurs noms appréhende la relation entre le public, l’œuvre d’art et le contexte, utilisant pour ce faire le geste du dessin, de l’écriture et l’acte du discours.
L’œuvre de Garía fait référence, entre autres, à des textes du psychanalyste français Jacques Lacan, de l’écrivain irlandais James Joyce, du psychanalyste argentin Oscar Masotta, de l’écrivaine et militante Chicana-Tejana* Gloria Anzaldúa et de la théoricienne révolutionnaire russe Alexandra Kollontai. Le titre de l’exposition renvoie à un poème tiré du livre Borderlands/La Frontera (1987) d’Anzaldúa, dans lequel elle remet en question la façon dont nous comprenons l’identité en la présentant comme un concept social, psychologique, politique et culturel contesté. Les idées élaborées par Anzaldúa sont proches de la pratique critique de Dora García dont l’œuvre fait référence à des concepts tels que la jonction des cultures, la lutte des classes et les différentes notions de frontières en lien avec des espaces physiques et mentaux.
Le nouveau long métrage Amor Rojo (2023), qui sera présenté en avant-première dans le cadre de l’exposition, fait partie d’un vaste projet de recherche basé sur la figure historique d’Alexandra Kollontai, une révolutionnaire soviétique et féministe radicale. Le film expérimental aborde plus de cent ans de féminisme en Europe et en Amérique latine et explore la corrélation entre les formes transnationales de féminisme et les luttes écologiques et postcoloniales. La dernière vague du féminisme latino-américain rejoint la vision de Kollontai, à savoir que le féminisme doit transcender la lutte pour l’égalité des droits et qu’un changement complet de paradigme, une subversion totale de la société est nécessaire.
Dans le cadre de l’exposition Elle a plusieurs noms, le M HKA propose un programme public unique composé de performances, de projections et d’activités, comprenant un café philosophique, des sessions de lecture et des visites guidées par des experts.
Le programme est publié ici et actualisé tous les mois.
Publication : Inserts in Real Time: Dora García Performance Work 2000-2023
L’exposition de Dora García est accompagnée du livre Inserts in Real Time: Dora García Performance Work 2000-2023, qui paraîtra en mai 2023, co-édité par le M HKA et K. Verlag (Berlin) et qui offrira une rétrospective des œuvres et gestes performatifs de l’artiste, ainsi qu’une nouvelle lecture de certaines de ses œuvres à travers le prisme de l’engagement politique, du féminisme et de la théorie queer.
Organisé par Joanna Zielińska
Dora García vit et travaille à Oslo. Elle a étudié les arts plastiques à l’Université de Salamanque à Barcelone et à la Rijksakademie à Amsterdam au début des années 90. Elle s’est ensuite installée en Belgique, où elle a passé quinze ans à développer son langage visuel personnel, en expérimentant le film, les imprimés, la performance, le théâtre et les œuvres en ligne. La pratique de García se situe à l’intersection des arts plastiques, des arts du spectacle vivant, du théâtre, de la psychanalyse et de la littérature. Elle a représenté l’Espagne à la 54e Biennale de Venise, en 2011, et a également participé à la 56e Biennale de Venise, à Documenta 13 et à d’autres événements internationaux tels que Skulptur Projekte Münster en 2007, la Biennale de Sydney 2008 et la Biennale de São Paulo 2010.
*Chicana : femme d’origine mexicaine vivant aux États-Unis ; Tejana : femme d’origine hispanique ou mexicaine descendante de personnes établies au Texas avant que cet état ne fasse partie des États-Unis d’Amérique.
< Performances durant l’exposition de mercredi à dimanche, de 14h00 à 17h00