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INBOX: PHARMAKOS – ornement d’un outil social (Vivi Touloumidi)

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9 Déc 2022 - 8 Jan 2023

Preview le jeudi 08.12.2022, 19:00–21:00.

Dans la Grèce antique, le Pharmakos était un individu désigné que sa communauté désignait par consensus pour être soit sacrifié comme moyen de purification de la cité, soit ostracisé de la région. Son exil était perçu comme une catharsis sociétale. Cela fait écho au rituel historique du « bouc émissaire », qui désigne depuis tout groupe ou individu à qui, en période de conflit social et de crise, on fait injustement endosser la responsabilité ou expier la faute dont il est innocent. Le terme provient du grec φάρμακον (pharmakon), qui peut agir à la fois comme un remède et un poison.

L’exposition de recherche Pharmakos étudie ce phénomène sociétal à travers le prisme de l’ornement. Le point de départ de l’exposition est la recherche archivistique menée par l’artiste, principalement aux archives fédérales de Berlin. Touloumidi y a examiné des courriers administratifs de la Seconde Guerre mondiale dans lesquels des bureaucrates nazis discutent du développement d’insignes à faire porter sur les corps humains afin de systématiser leurs (id)entités dans les camps de travail forcé. Ces insignes conditionneraient différents corps selon le système de valeurs et de la logique hiérarchique du régime et de ses alliés. Les insignes codés par couleur détermineraient les indésirables dans la société, ou distingueraient ceux qui sont les bienvenus.

Tout en reconnaissant des lieux de pensée similaires (qui refont aujourd’hui surface dans le monde entier) qui s’en prennent à l’autodétermination, Vivi Touloumidi étudie l’ornement en tant qu’agent actif pour aborder le malaise social, la répression et la marginalisation dans le domaine public. Son travail s’approprie et subvertit les signes de stigmatisation utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, afin de proposer de nouvelles pièces portables soutenant une résistance créative. Ces pièces affirmatives parlent de résilience et d’émancipation du corps féminin et du corps social.

L’ornement est considéré comme un instrument d’autonomisation, articulant des processus de devenir et d’existence différents.