Par où commencer? – Falke Pisano Superhost été 2022 – L’espace Superhost change
1 Juil 2022 - 15 Jan 2023
Ces dernières semaines, l’espace situé au dernier étage du musée a été transformé en conformité avec le projet Superhost Par où commencer ? de Falke Pisano.
L’artiste a créé de nouveaux outils, accompagnés de dessins et d’instructions pour l’utilisation de l’espace. Pisano a invité de nouveaux·elles hôtes·ses dont les œuvres, remettent en question les modes de production et d’accès existants dans le champ institutionnel de l’art.
Un film de Simnikiwe Buhlungu My Dear Kite (You Can But You Can’t) – Late Yawnings [Mon cher cerf-volant (Tu peux mais tu ne peux pas) – Bâillement tardif] peut désormais être visionné dans l’espace. Filmée pendant la pandémie, l’œuvre tente de donner un sens aux conséquences socio-culturelles qui découleront de cette période de confusion et d’incertitude, ainsi qu’au récent (dé)placement physique et géographique de l’artiste de Johannesburg en Afrique du Sud aux Pays-Bas, où elle a déménagé. L’œuvre soulève des questions sur ce que signifie être un·e praticien·ne créatif·ve, être productif·ve et sur l’(in)capacité à y répondre de manière artistique.
Fin juin, l’artiste Karen Vantvelt – (s)he – – ajoutera une intervention en réponse à la porte modulaire bleue que Pisano a installée entre les deux espaces du 6e étage. Cette collaboration est le fruit de conversations entre les deux artistes à propos de l’expérience de travailler au seuil d’institutions artistiques (éducatives), en négociation continue avec les pratiques institutionnelles exaltantes.
En juillet, l’artiste RA Walden présente un nouveau langage : ẍây ithřa. Le projet est initié en réponse à la nature restrictive de la langue anglaise. Formulé sur une période de plusieurs mois en étroite collaboration avec la linguiste Margaret Ransdell Green, ẍây ithřa se compose d’un lexique de plus de 300 mots, complété par une morphosyntaxe, une phonologie et un ensemble d’idiomes en constante augmentation. S’inspirant de riches histoires du lexique queer, allant d’argots et de jargons aux anti-langues et à l’usage de langage construit au sein de la science-fiction et de la fiction spéculative, Walden cherche à apporter de la fluidité, de l’aisance et de « l’intimité d’accès » aux personnes qui vivent dans des corps malades, handicapés et trans. L’artiste utilise la construction du monde, non pas comme un outil visionnaire pour un futur imaginé, mais comme une méthodologie incarnée pour le présent. Dans le cadre d’un projet Superhost, nous présentons des impressions et un atelier sous forme de podcast expliquant les principes du langage ẍây ithřa.
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La revue d’art HART a publié une contribution spéciale de Falke Pisano concernant le projet Superhost. Vous pouvez la trouver dans la version imprimée du magazine.
Biographies des artistes
Simnikiwe Buhlungu est une artiste de Johannesburg, en Afrique du Sud. Vivement intéressée par la question de savoir qui produit de la connaissance, de quelle manière, et comment elle est disséminée, Buhlungu repère des phénomènes socio-historiques et quotidiens en naviguant sur ces questions et leurs inépuisables réponses potentielles. Ainsi, elle cartographie les points de connaissance, c’est-à-dire « comment arrivons-nous à savoir ? » qui situent différentes couches de conscience comme des écologies syncopées et réverbérées. Récemment, elle a écouté de la musique mbaqanga, a réfléchi aux ruchers et a cherché des contributions pour la maison d’édition Simunye Resource Works, qui devra éternellement encore voir le jour.
– Iel– –
iel vit (à l’intérieur)
iel vit
iel vit une vie
vivant·e
sa tête, perdue
ses mots, trouvés
iel devient
iel étend ses jambes vers le mur, ses doigts vers une couche émotionnelle d’un corps caché. le corps coincé. on peut lui dire il, mais iel a des seins, n’aime pas le pain et a grandi en Occident. Iel a des racines en Belgique, mais elle n’est pas enracinée, n’a pas pu s’échapper, mais tente de le faire. iel a besoin d’aide, mais n’est pas impuissant·e. iel est concerné·e sans savoir, iel vit sans grandir. iel est fait·e d’argile. pas trouvé·e dans un son archéologique, mais sonne comme le monde numérique en arrière-fond. (mots)
pleure (parfois) se cache (parfois), mais traîne surtout, tout sourire.
iel est.
iel est vivant·e.
mais sait-iel où iel est en ce moment précis ?
La pratique de RA Walden comporte du texte, de la sculpture, des impressions, de la performance et de la vidéo, le tout entrepris avec une méthodologie de travail socialement engagée et orientée par la recherche. L’œuvre de Walden interroge la relation de la société occidentale contemporaine avec le soin, la tendresse et la fragilité en relation avec nos corps, nos communautés et nos écosystèmes défaillants. Iel explore ces questions à travers la perspective de la théorie crip (un mélange d’études sur le handicap et de théorie queer), la théorie queer, la science-fiction, la fiction spéculative et des archives de désobéissance. Ses œuvres récentes cherchent à perturber les compréhensions trop simplistes du corps handicapé, à établir un dialogue entre une éthique du soin, un lien de la terre et du corps, un concept handicapé de la performance et son œuvre.